Mon séjour à l'hôpital, maintenant qu'il est derrière, me paraît rapide, mais sur le moment, je n'avais aucune idée de combien de temps j'allais rester là, dans ce lit, dans cette chambre sans fenêtre (que mon homme a appelé la grotte!) que je partageais avec d'autres mamans.
Bizarrement, j'avais le moral. J'étais confiante. Ne me demandez pas pourquoi, c'est un sentiment, je n'avais pas peur ( avec le recul, c'était certainement les hormones, je suis vite redevenue une merde après avoir accouché, yeeeahhh!).
Pendant ces 9 jours, j'en ai vu des mamans passer en plein travail.
Nous étions séparées par des rideaux mais j'entendais tout le processus: la respiration, les douleurs, les demandes implorantes de péridurale ou de césarienne, des papas aux petits soins, des femmes souffrant en silence, des dopplers faisant résonner le coeur de bébé, les conseils des infirmières, les paroles des anesthésistes, le calme après la péridurale, l'agitation des infirmières les dernières minutes avant le grand final.
Et toujours, cette phrase des infirmières qui me faisait rire.
" Si vous avez envie de faire caca, c'est le moment, on vous emmène accoucher! "
Bien. Faire un enfant c'est un peu comme faire caca.
En un sens, ça m'a rassurée de voir comment cela se passait, j'étais préparée. C'est un peu comme un épisode de BABY BOOM mais en vrai quoi... et en chinois!
A deux pas de cette chambre, la salle d'accouchement. Les cris des bébés qui retentissaient quelques dizaines de minutes après le départ d'une maman. Libération! Criaient-ils!
Jour et nuit. Ça n'arrêtait pas.
Un peu frustrant quand même.
Et moi?
Pendant ce temps-là... Sophia dans sa grotte!
Je faisais le maximum pour ne pas provoquer plus de contractions ou de fuite de liquide amniotique. Je restais allongée, je dormais, je lisais. L'homme s'occupait de moi, restait près de moi chaque nuit, faisait des aller-retours interminables entre la maison, le bureau et la grotte. Il me lavait, allait me chercher à manger, me lisait des BD, m'apportait des séries qu'on regardait ensemble le soir.
Il y avait la partie moins drôle aussi, celle où je souffrais un peu des effets secondaires des médocs, celle où je stressais sentant le liquide s'écouler sans rien pouvoir faire, les perfusions horribles, le doppler ceinturé autour de mon ventre en permanence, faire pipi dans un pot sur mon lit (ça c'était le top!).
Bon, je ne vais pas m'étendre, vous allez dire que je me plains, mais bordel, une pensée pour les vieux et les malades dans leur lit d'hôpital, moi j'y étais pour une belle raison...
J'avais des infirmières préférées, de vraies mamans, tellement douces, gentilles et à l'écoute et puis d'autres plus distantes mais très pro ou carrément connasses. Tous les jours, le docteur passait me voir, le liquide était de plus en plus bas, il était passé sous le seuil normal, le bébé commençait à manquer de place. Je continuais de boire beaucoup...
Dans ma tête, je n'avais aucune idée du temps que j'allais rester là, mais voyant la situation se dégrader, je commençais à me préparer.
Je ne vais pas rentrer chez moi,
Je vais rester ici jusqu'à l'accouchement.
Et j'ai le pressentiment que c'est pour bientôt...